Hurler sans bruit

Publié le par Blackduck

Comme à mon habitude, passage furtif sur un blog qui ne me sert qu'a peine d'exutoire passager et artistique. Mais lorsque je ne peux hurler ni pleurer à personne, parce que sans raison assez valable pour cela, que dessiner est bien trop lent pour combler mon ame trop fainéante, encore une fois il me faut écrire.

Je suis empathique mais égoiste ; pour combler un mal qui ne me concerne pas, j'ai eu besoin de revisiter le passé. Ainsi, je suis tombé sur un vieux rêve que j'avais couché par écrit ultérieurement. J'avais envie de le réécrire ici.

 

Lune de fin (mouais cette fois je mets un titre. A un reve. Allons bon)

 

 

Je regarde a travers le velux. Tout est très calme. La mer semble immobile, neutre. Le ciel aussi, est calme : il est de ce bleu si particulier qui fait que l'on ne saurait dire si nous sommes le matin ou la fin d'apres-midi. Un bleu presque blanc. J'aperçois la lune. C'est curieux, il me semble qu'elle est plus grosse que d'habitude. Quelque chose cloche. Je peux distinguer ses cratères bien plus nettement que de coutume. Ils sont plus profonds. Je me doute déjà de quelque chose. C'est un détail. Comme trois petites notes de piano aigues perçant le silence d'une partition vide. Un détail, qui sonne faux, de ceux qui font parfois comprendre au reveur qu'il rêve.

 

Mais ce n'est pas mon cas.
Je détourne la tête pour appeler mes parents et ma soeur. Il ne faudrait pas qu'ils ratent une aussi jolie lune... je me remets sur les genoux pour la contempler de nouveau tandis que j'entends les pas lassés derriere moi.

Cette fois-ci je comprends.
Il faut dire qu'elle est devenue quatre fois plus grosse depuis mon dernier regard, il y a quelques secondes de cela...
D'autres regards à coté de moi se posent sur l'astre. Ma soeur semble émerveillée : elle voit une magnifique grosse boule pleine de trous. Les yeux de mon père, par contre, sont emplis de peur : il voit une magnifique grosse catastrophe.


J'ai dix ans.

 


L'ambiance ne change pas. Tout est toujours aussi calme, pour moi. Nous sommes maintenant dans la voiture, sur les routes, s'éloignant le plus possible du sélénite. Sur les genoux, à l'arriere, je continue de regarder la lune, singulièrement plus belle qu'a l'ordinaire. Elle couvre maintenant une bonne partie de l'horizon. Je devine notre maison de vacances sous l'astre. Impossible de la voir, trop loin maintenant, cachée derriere les sapins terminant l'horizon.
Comme tous les enfants, j'ai une confiance aveugle en mes parents, mes guides. je ne ressens donc absolument aucune peur. je suis trop petit pour avoir peur, Papa et Maman sont là.
Hormis la beauté exceptionnelle de notre lune, le seul changement que je perçois dans l'atmosphère est un silence complet. Hormis le bruit simple du moteur, pas un seul chant d'oiseau, aucune parole, aucun signe auditif. Mais je ne perçois ce silence anormal que comme un calme agréable : J'ai toujours aimé les ambiances lourdes et calmes, ce silence avant la tempête. Ma soeur est dans le même état. Elle somnole, n'ouvrant les yeux que de temps en temps pour admirer les cratères.Tiens...il y a des arbres de toutes les couleurs sur la lune, maintenant.

 

        Ca part en vrille.

 

 

L'anomalie ne me touche pas plus que ça. Je me sens bien, cette tranquilité omniprésente, ce silence a peine éffleuré par le moteur de la voiture qui me berce et cette certitude de sagesse et d'invincibilité de mes parents cachant pourtant leurs inquiétudes, leur terreur si bien que je n'en vois rien.
Cette plénitude, je l'ai déjà ressentie auparavant. Lorsque le monde animal était terrifié sous nos yeux qui n'en voyaient pas grand chose : Lors de cette éclipse. 1998. J'avais dix ans. J'ai encore dix ans. Ca fait dix ans.

J'aperçois une petite lumiere sous la lune. Puis je distingue des flammes. Elle doit entrer dans l'atmosphère. Dans le calme, la contemplation et cette "chaleur douce" croissante, je m'endors sous le vacarme sourd pour mieux me réveiller.




[Rêve du 28 juin 2005. J'y combinais une sensation lointaine persistante et une scène récurrente d'un jeu à l'atmosphère de "fin" permanente et singulière.]
 

Publié dans Blog

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